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Chemin de Fer Touristique du Vermandois
Chemin de Fer Touristique du Vermandois - Saint-Quentin - Aisne - France

Saint-Quentin - Aisne - France

Le Cercle Ferroviaire et Touristique du Vermandois a fêté ses 25 ans en 2002 !

Fin 1976, un groupe de Picards du Vermandois amis des chemins de fer, s’avisant de la disparition d un certain patrimoine ferroviaire de l ancienne Compagnie des chemins de fer du Nord, se regroupe pour préserver du matériel de chemin de fer à voie normale de l entre-deux guerres et entame des démarches pour le mettre en exploitation sur la ligne Saint-Quentin - Origny-Sainte-Benoîte dans l Aisne.

Article mis en ligne le 28 février 2009
dernière modification le 4 décembre 2021

LE CERCLE FERROVIAIRE ET TOURISTIQUE DU VERMANDOIS : 25 ANNEES D EXISTENCE ET 23 ANNEES D EXPLOITATION

Création et premières actions
Fin 1976, un groupe de Picards du Vermandois amis des chemins de fer, s avisant de la disparition d un certain patrimoine ferroviaire de l ancienne Compagnie des chemins de fer du Nord, se regroupe pour préserver du matériel de chemin de fer à voie normale de l entre-deux guerres et entame des démarches pour le mettre en exploitation sur la ligne Saint-Quentin - Origny-Sainte-Benoîte dans l Aisne. A cette époque, la SNCF ne pouvait pas permettre la création de chemin de fer touristiques sur ses lignes et la conservation de matériel ferroviaire à voie normale - c est à dire de pièces mesurant au minimum 10 mètres de long, trois de large et quatre de haut et pesant au moins vingt tonnes - semblait difficile à mettre en œuvre, voire même impossible à réaliser. La ligne ferroviaire sur laquelle ils avaient jeté leur dévolu était alors exploitée par la Régie départementale des Transports de l’Aisne (RTA) et le Conseil Général de l Aisne comme la Préfecture favorisèrent cette idée d animation. Le Cercle Ferroviaire et Touristique du Vermandois - Chemin de fer Touristique du Vermandois - CFTV était né. Il a été crée le 1ier janvier 1977 et déclaré sous cette triple appellation que la déclaration à la sous-préfecture de Saint-Quentin. La déclaration au Journal Officiel étant publiée le 21 janvier 1977

Les démarches d établissement ou comment convaincre les véritables cheminots que des amateurs peuvent aussi être sérieux !
L association, créé selon la loi du 1er juillet 1901, tout en effectuant le suivi des démarches administratives nécessaires à la réalisation de son projet, se mit à la recherche de matériel à préserver et à remettre en fonctionnement pour débuter l exploitation. Il fallait tout d abord convaincre les responsables de la RTA que l exploitation envisagée les samedis, dimanches et jours fériés n’allait en aucune sorte gêner leur exploitation ni poser des problèmes de sécurité. Bien sûr le projet initial n’a pas tenu bien longtemps à l’analyse des spécialistes : Envolée la possibilité de garer et d entretenir le matériel ferroviaire dans l’ex dépôt des Chemins de Fer secondaires de Rocourt (situé Faubourg de Paris à Saint-Quentin) et de lui faire traverser l’axe Paris - Bruxelles au début et à la fin de chaque journée d exploitation ! Explosé le budget prévisionnel établi sur la base d exploitations identiques mais possédant leur infrastructure ! Lorsque l on « roule chez les autres », il faut prévoir des frais de visite des installations, de participation à l entretien des voies, de salaire d un agent de traction agréé et puis encore d autres frais.... Beaucoup de concertations ont été nécessaires pour faire évoluer les mentalités des deux partenaires afin qu’une solution soit trouvée aux nombreuses questions qui devaient être réglées avant le début de l’exploitation. Après l’étude administrative, il a fallu rassembler le matériel qui pouvait participer à l’exploitation. Grace à la compréhension et l accueil de deux entreprises, les Établissements Bossu-Cuvelier et la filature de Nylon Nysam, de nombreuses pièces, rachetées au poids de la ferraille à la SNCF, pourront être sauvées de la destruction. En l’absence de l’occupation du dépôt de Rocourt, aucune autre structure à l’abri n’était possible et c est sous les intempéries que pendant de nombreuses années les cheminots bénévoles du CFTV ont remis en état et entretenu leur matériel !

Premières années d exploitation Dans le courant de l’été 1979, les choses deviennent sérieuses. L’arrêté préfectoral autorisant la circulation des trains touristiques sur la voie ferrée départementale est pris le 10 août, le dernier point à régler pour commencer l exploitation restant alors la sur-assurance demandée par la RTA, qui pensait que la garantie normale n était pas suffisante. C est finalement le Cabinet PIERROT qui débloque la situation et le 2 septembre, sous la pluie, a lieu le premier aller-retour du train touristique entre Saint-Quentin et Origny-Sainte-Benoîte. L’exploitation touristique est inaugurée le 16 septembre par Monsieur André Godart, alors Président du Conseil Général, en présence de nombreuses personnalités. Les agents d exploitation ont été habilités par la RTA après une visite médicale, le matériel - qui se résume à un autorail provenant de la SNCF - a été contrôlé par cette société. Le bilan de deux mois d exploitation n’est pas financièrement positif. Par contre la création de ce nouveau vecteur touristique semble bien accueillie. L’année 1980 voit la mise en service d’un deuxième autorail, du même type que ceux achetés en 1948 par le département de l’Aisne tandis que la restauration de la locomotive à vapeur 030T "Fives-Lille" rentre dans une phase décisive. L’exploitation, qui a lieu pendant quatre mois, de début juin à fin septembre, s’effectue les dimanches et jours fériés techniquement sans aléas, mais le déficit d’exploitation s’accroit. Après quelques centaines de voyageurs transportes en 2 mois d exploitation en 1979, c’est 2195 voyageurs qui ont fréquente le CFTV en 1980. Mais le déficit de l’année approche les 25.000 francs (environ 12.000€ 2017) et il faudra attendre encore 8 années pour qu il disparaisse, années pendant lesquelles les membres de l’association le combleront tout en investissant dans du matériel ou de l’outillage ! L’année 1981 est celle du retour de la vapeur sur la ligne. Cette attraction est plébiscitée par les visiteurs mais elle entraîne des frais supplémentaires de charbon, huile et eau, sans compter un entretien parfois difficile, mais dont l’équipe de bénévoles appréhende la technologie grâce à la présence active de retraités cheminots et chaudronniers désireux de faire bénéficier de leur expérience. L exploitation a été réduite à deux mois, juin et septembre, sans doute mal choisis mais les seuls pendant lesquels la petite équipe de bénévoles peut assurer sans faiblesse l animation touristique de la ligne. La fin de l année voit la fin de l exploitation départementale, la RTA se retirant au profit de la SNCF. Les mois précédants avaient vu les négociations entre le département de l Aisne et la SNCF ne pas oublier la petite exploitation touristique, grâce à la bonne volonté des parties en présence.

Le projet 140 C 314 A cette époque, l association avait déjà pu préserver une locomotive à vapeur, deux autorails et six voitures à voyageurs et le moment était venu pour la SNCF de radier toutes les séries de voitures de type "Express-Nord", construites au début des années trente par des entreprises du Nord de la France, caractéristiques du matériel ferroviaire de notre région avec leurs portières latérales et leurs flancs arrondis. L’association CFTV était à l’époque la seule structure capable de conserver cet héritage du passe et a pu ainsi sauvegarder 7 véhicules dont 6 de types différents. Le Ministère de la Culture a depuis reconnu notre action de préservation en classant ces véhicules à l’inventaire complémentaire du mobilier historique. Remettre en exploitation une telle rame nécessitait une locomotive à vapeur assez puissante. Après de nombreuses recherches, la Fédération des Amis des Chemins de fer Secondaires nous confia une de ses machines préservée depuis plus de 10 ans : la 140 C 314. Sa restauration dura 6 années mais elle est maintenant autorisée à remorquer des convois sur toutes les voies principales de la SNCF à la vitesse de 80 kilomètres à l’heure - montrant ainsi que la SNCF reconnaît le savoir-faire de notre structure - et possédè donc un potentiel intéressant à utiliser sur le plan du tourisme départemental et régional. Mais elle est d un entretien constant : tous les 5 ans, elle doit subir un « levage », c est à dire que nous devons séparer les essieux du reste du châssis, afin que les portées des roulements soient examinées par un spécialiste. Et de nombreuses pièces s’usent : Pendant l’intersaison 2001/2002, nous avons change les barreaux de la grille à charbon, les grillages qui empêchent les braises de sortir du cendrier, 4 sabots de frein, le « gueulard » ou orifice du foyer et enfin fait réviser par la SNCF l’indicateur-enregistreur de vitesse , le fameux appareil Flaman !

La circulation sur toutes les voies principales de la SNCF C est ainsi qu’à la demande de municipalités comme d’organismes du tourisme notre rame « grandes lignes » est devenue depuis 6 années ambassadrice du tourisme du Vermandois à Tergnier, Hirson, Laon, Soissons, et Villers-Cotterêts, du département de l’Aisne en allant à Amiens, Abbeville et en Baie de Somme, et mais aussi de la Picardie grâce des voyages en région parisienne et Paris (gare du Nord, de l Est et Saint-Lazare), à Cambrai, Lille, Hazebrouck et Dunkerque, mais également à Reims, ainsi qu à Arras, Saint-Pol, Montreuil, Boulogne, et Calais !

Jumelages avec d autres chemins de fer touristiques européens Participant à la commission de travail Morgan, prélude à la création de "FEDECRAIL", Fédération Européenne des chemins de fer touristiques, le CFTV, a initie en 1992, avec le South Devon Railway de Grande-Bretagne, le mouvement de jumelage des chemins de fer touristiques européens en mettant au point et en signant avec le réseau britannique une convention de jumelage qui est en train de faire école. Nous avons beaucoup à apprendre de nos voisins européens, sur le plan de l’accueil du public, de la valeur ajoutée à la prestation ferroviaire, des idées nouvelles pour transformer un voyage en train, somme toute un peu monotone dans tous les pays, en un moment de détente et de plaisir. Certaines de ces idées, adaptées à notre pays pourraient générer un trafic nouveau. Enfin, il est important de se rendre compte qu il existe, de l’autre côté de la Manche, un pays entier beaucoup plus passionne que la France par le chemin de fer et que le tunnel rapproche de nous. A cette clientèle potentielle, nous devons proposer des programmes intéressants.

La voiture restaurant N° 3585 de la C.I.W.L. et la voiture A5c5 ex PLM Durant été 1995, le CFTV s’est vu proposer une ancienne voiture restaurant de la Compagnie Internationale des Wagons Lits, remisée depuis 27 ans aux intempéries mais possédant encore une grande partie de son accastillage. L’association était en mesure ni de l acheter ni de la remettre en état de fonctionnement mais les collectivités locales directement concernées : Ville de Saint-Quentin, Département de l’Aisne et Région Picardie ont permis de réaliser le projet. Et de la meilleure façon qu’il soit grâce à la création d’un chantier-école de restauration de matériel ferroviaire au cours duquel un chef de chantier - ébéniste de formation - a encadre 18 Contrats Emploi Solidarité par anciens chômeurs de longue durée. La découverte, sous des panneaux de trumeaux de fenêtres, de laques de chine décoratives datant de la construction de la voiture a exige une restauration la plus fidèle possible. Grace au Musée Français du Chemin de Fer de Mulhouse il a été possible de retrouver les plans de certaines structures disparues tandis qu une commande de fauteuils était passée à la société du sud de l’Aisne qui avait livré ce genre de mobilier à la C.I.W.L. en 1928. A la fin de l année 2000, le Musée Français du Chemin de Fer de Mulhouse nous a propose un véhicule de tournée, avec compartiment panoramique de fin de convoi, issu d une A5c5 du PLM. Cette voiture, dont la décoration intérieure est très différente de la précédente, permet le repas, sur une table placée longitudinalement, de 12 à 15 personnes. Remise aux normes SNCF elle fait partie intégrante de notre rame habilitée à circuler sur les voies principales de la SNCF avec la rame « Express-Nord » et la voiture restaurant.

Le dépôt définitif du chemin de fer touristique à Saint-Quentin Tous les développements et travaux exposés ci-dessus se sont faits sans structure définitive d’accueil permettant l’abri de notre matériel roulant, mais seulement grâce à l’aide de quelques industriels locaux nous prêtant une partie de leurs installations. Mais cette solution avait atteint ses limites, d’autant plus que l’augmentation du nombre des pièces rares de notre collection nécessitait une surface couverte de plus en plus importante. Le problème est réglé depuis fin 2000 avec l’appui des collectivités locales et de l’Europe grâce à la construction d un hangar de 900 m², raccordé à la ligne utilisée par le chemin de fer touristique et qui pourra abriter à terme 135 mètres de voies couvertes. Ainsi installée, notre association peut entretenir et restaurer son matériel roulant dans les meilleures conditions, et le mettre en exploitation pour le plus grand plaisir des nostalgiques du vieux chemin de fer comme des nouvelles générations, toujours intéressées par la technologie et le savoir faire de ses grand parents.

25 ans, et maintenant ? Certains pensent que la circulation des locomotives à vapeur n’en a plus que pour quelques années et que bientôt tous ces « vieux engins ferroviaires » termineront dans un musée. C’est un fait : les plus expérimentes d entre nous, car ayant appris "sur le tas" au cours des années soixante, ont bien voulu partager leur expérience avec la génération suivante, qui a connu la vapeur en service régulier mais sans participer à son exploitation. Les plus chanceux de cette deuxième génération, en 25 années et surtout dans le cadre privilégié des chemins de fer touristiques, ont accumulé une expérience qu un roulant des années 60 mettait un an à acquérir ! Comment, dans ces conditions, former correctement la génération suivante, les passionnés de 20-30 ans qui n’ont jamais connu le « véritable » chemin de fer à vapeur ? Le Cercle Ferroviaire et Touristique du Vermandois relève ce défi. Avec le matériel qu elle a préservé ou qu’elle préservera, celui qu’elle met en œuvre, avec le dépôt et les outillages dont elle dispose, mais surtout grâce aux moyens humains dont elle bénéficie : bénévoles dévoués comme employés consciencieux il semble avoir les moyens de réussir. Rendez vous dans 25 ans.