
De la puissante locomotive de ligne au petit locotracteur de manœuvre, découvrez l’histoire de nos engins moteur diesel.
Locomotive BB 66252 |
- Constructeurs :
- Caisse et assemblage : Alsthom à Belfort (Haut-Rhin)
- Appareillage : Compagnie des Ateliers et Forges de la Loire (CAFL), Compagnie Électro-Mécanique (CEM) et Fives-Lille-Cail.
- Année de construction : 1966
- Motorisation : moteur diesel SACM MGO V16 BSHR de 1400 ch ; génératrice GD 803 ; 4 moteurs électriques de traction TA 648 A1 560 V à ventilation forcée.
- Masse en ordre de marche : 71,20 t
- Longueur : 14,898 m
- Puissance : 830 kW
- Propriétaire : SNCF (confiée au CFTV par convention en 2013).
La BB 66252 est issue d’une série de 318 locomotives construites pour la SNCF et destinées à remplacer les locomotives à vapeur. Locomotive polyvalente et puissante, elle était initialement aussi bien utilisée en service marchandises que voyageurs, mais avait besoin d’être couplée à un fourgon chaudière pour assurer le chauffage des trains en période hivernale.

Notre locomotive est mise en service le 12 septembre 1966 au dépôt de Nantes. En 1969, elle alterne entre Sotteville (juin, octobre) et Nantes (août), deux dépôts qu’elle fréquentera tout au long de sa carrière. Elle rejoint La Plaine vers le début de l’année 1975, puis de nouveau Nantes (septembre 1975), puis Vénissieux (août 1978), Sotteville (août 1985), Nantes (septembre 1986), puis enfin Sotteville (mars 1987) où elle reste basée pendant 21 ans.

En novembre 2008, elle rejoint finalement le dépôt de Tours - Saint-Pierre où elle termine sa carrière, étant radiée le 1er décembre 2011 après avoir parcouru 2 560 228 km.
Prélude à son ferraillage, elle est stockée comme de nombreuses autres locomotives au « cimetière » de Sotteville mais conserve néanmoins un fort potentiel et intéresse notre association. C’est le 29 mars 2013 qu’elle rejoint le CFTV, confiée par la SNCF sous convention. Elle assure depuis la majorité de nos circulations touristiques.
En 2024, 61 locomotives du même type sont encore utilisées par la SNCF (dont certaines remotorisées en tant que BB 69000) et 6 de ses sœurs sont préservées dans d’autres associations.
Locomotive C 61041 |
- Constructeurs :
- Caisse et assemblage : Compagnie des forges et aciéries de la Marine et d’Homécourt à Saint-Chamond (Loire)
- Appareillage : Compagnie Électro-Mécanique (CEM) et Procédés Sulzer à Saint Denis.
- Année de construction : 1952
- Motorisation : moteur diesel Sulzer 6LDA22 à 6 cylindres en ligne de 510 ch ; 2 moteurs électriques de traction CEM GDTM 553.
- Masse en ordre de marche : 53 t
- Longueur : 9,50 m
- Puissance : 285 kW
- Propriétaire : CFTV depuis 1991.
Issue d’une série de 48 locomotives construites pour la SNCF, principalement utilisées aux manœuvres de wagons dans les gares de triages ou sur les petites lignes secondaires. Sa conception avec châssis à longerons et essieux à bielles, rappelle les anciennes locomotives à vapeur qu’elle remplace justement dans leur tâche.
Elle est immatriculée à l’origine 030 DA 41, avant de prendre en 1962 celui qu’elle porte toujours actuellement : C 61041. Elle est affectée successivement aux dépôts de La Plaine (mise en service le 2 avril 1952), Ile-Napoléon (août 1954), Noisy (septembre 1957) puis Paris-La Villette (septembre 1967). La C 61041 fait partie des 2 dernières locomotives de sa série radiées par la SNCF, radiation qui est effective le 30 juillet 1985 avec 830 000 km parcourus.
Elle fait partie d’un premier projet de préservation en étant achetée par syndicat mixte du Parc départemental du Val-Joly dans le cadre d’un chemin de fer touristique entre Sars – Poteries et Trélon (Nord). Ce projet n’ayant pas abouti, elle est rachetée par notre association et transférée à l’ancien dépôt de Busigny le 5 novembre 1991, pour y être révisée, en compagnie de la 140 C 314. Elle arrive sur Saint-Quentin en 1993 et assure depuis une partie de nos circulations touristiques. Actuellement garée en bon état, elle attend quelques travaux de révisions afin de permettre son utilisation en tête de nos trains, en renfort de la BB 66252.
En 2024, 1 locomotive du même type est encore utilisée par la RATP et sa petite sœur, la C 61042 est préservée par une autre association en Vendée.
Locomotive CFD BB 203 |
- Constructeur : Compagnie de Chemins de Fer Départementaux (CFD) à Montmirail (Marne).
- Année de construction : 1954
- Motorisation : 2 moteurs Baudoin DP6 à 6 cylindres en ligne de 207 ch ; transmission hydromécanique 2 boîtes CFD Asynchro.
- Masse en ordre de marche : environ 40 t
- Longueur : 11,03 m
- Puissance : 414 ch
- Propriétaire : CFTV depuis 2001.
Cette petite locomotive a la particularité d’être équipée de 2 moteurs, chacun commandant un bogie de 2 essieux reliés par bielles. Elle fait partie d’une série de 15 engins construits par la Compagnie de Chemins de Fer Départementaux dans ses ateliers de Montmirail (Marne) et qui étaient essentiellement destinés aux manœuvres sur les embranchements particuliers ou au service sur les lignes de chemins de fer secondaires.
La BB 203 répond au premier cas de figure, ayant effectué un service exclusivement industriel. Elle a été mise en service le 5 novembre 1954 par Gaz de France au sein de son usine Saint-Denis (dont l’emplacement est aujourd’hui occupé par le stade de France). Elle est rachetée en 1970 par la cimenterie d’Origny-Sainte-Benoîte où elle est essentiellement utilisée pour des manœuvres de wagons citernes de la cimenterie vers la gare.

Garée à partir de 1990, elle est proposée pour préservation au CFTV le 6 décembre 2001, avant d’être rapatriée à notre dépôt de Saint Quentin le 4 février 2006.
Cette locomotive est identique à deux autres BB 200 CFD, utilisées entre 1956 et 1981 par la Régie des Transport de l’Aisne sur notre ligne Saint Quentin – Origny-Sainte-Benoîte : les BB 209 et BB 214 (circulant sous les numéros RTA BB 401 et BB 402). La préservation d’une locomotive de ce type au sein de notre collection est donc une belle opportunité.
En attente de restauration, notre BB 203 est la seule machine préservée sur les 15 exemplaires de la série des BB 200 CFD.
Locotracteur CGL Aisne 33 |
- Constructeurs :
- Châssis et essieux : Société de Construction des Batignolles à Paris, construction n° 951
- Remotorisation et carrosserie : Compagnie générale de voies ferrées d’intérêt local (CGL) à Bapaume (Pas-de-Calais).
- Année de construction : 1880 ; transformation en 1951.
- Motorisation : moteur Diesel Willème F8M 517P à 8 cylindres en ligne ; transmission mécanique De Dion-Bouton à coupleur hydraulique.
- Masse en ordre de marche : 25 t
- Longueur : 8,93 m
- Puissance : 180 ch
- Propriétaire : CFTV depuis 2009.
Engin moteur le plus ancien de notre association, il occupe une place particulière au sein de notre collection, du fait de son histoire et de son passé ferroviaire Saint-Quentinois.
Ce locotracteur était à l’origine une locomotive à vapeur type 030T, construite en 1880 et qui fut achetée d’occasion en 1899 par la Compagnie du Chemin de fer d’Achiet à Bapaume et Marcoing, où elle circula sous le n° AB 13 (ligne secondaire située dans le Nord et le Pas-de-Calais).

Evacuée au début de la Première Guerre mondiale, elle semble être utilisée au dépôt de Nantes PO. Le 8 mai 1919, elle eut l’honneur de tracter le train inaugural de la réouverture de la liaison Bapaume – Arras. Elle est réformée en 1939, mais reste garée à Bapaume sans sa chaudière, comme réserve de pièces.
En 1951, suite à une commande du département de l’Aisne, son châssis et son train de roulement sont rénovés et servent de base à la construction d’un locotracteur diesel, construit par les ateliers CGL à Bapaume. Ce nouvel engin prend alors la numérotation « Aisne 33 » à la suite de deux autres locotracteurs similaires 31 et 32, construits dans les mêmes ateliers.

Mis en service le 28 mars 1952, le 33 est utilisé sur la ligne CGL Vélu-Bertincourt à Saint-Quentin. Le 1er janvier 1956, cette ligne est rachetée par la Régie des Transports de l’Aisne (RTA). Ce transfert l’amène à circuler les lignes dont la RTA est gestionnaire autour de Saint-Quentin (notamment sur notre ligne de Saint-Quentin – Origny-Sainte-Benoîte). On le retrouve même vers Soissons et Guignicourt, sur d’autres tronçons de lignes gérées par la RTA.
En 1981, la RTA se sépare de ses activités ferroviaires, le 33 est alors revendu aux Magasins généraux de Saint-Quentin (société Magétrans devenue Magénord en 1991), où il effectue des manœuvres de wagons marchandises sur le faisceau de voies de la gare de Saint-Quentin.

Enfin, en 2009 il est gracieusement donné à notre association, qui entreprend dès 2017 des travaux pour le remettre en état de présentation. Entre sa construction en tant que locomotive à vapeur et le don à notre association, on estime que cet engin fut en service actif pendant environ 115 ans !
Locotracteur BDR 406 |
- Constructeur : Établissements Baudet, Donon & Roussel (BDR) à Argenteuil (Val-d’Oise), construction n° 406
- Année de construction : 1946
- Motorisation : moteur Panhard type K à 4 cylindres en ligne ; transmission mécanique BDR type 4V65 série GSMV (ZF Friedrichshafen type K50 modifiée).
- Masse en ordre de marche : 16 t
- Longueur : 5,37 m
- Puissance : 90 ch
- Propriétaire : CFTV depuis 1991.
Jusqu’à très récemment, nous pensions que ce locotracteur fut construit vers 1954, l’étude de sa boite de vitesse montre qu’il est en réalité bien plus ancien. Ce type de locotracteur à gabarit surbaissé dit « Standard », fut conçu et fabriqué par BDR de 1943 à 1956 pour utilisation sur les embranchements ferroviaires militaires et industriels.
Notre exemplaire, le BDR 406 est l’un des tout premiers locotracteurs de ce type construit en voie normale. Il est issu d’une commande réalisée en 1944 par l’Organisation Todt pour utilisation dans ses ouvrages militaires défensifs, à l’époque de l’occupation allemande. Du fait de la pénurie de matière première puis de la libération, le 406 n’est construit puis livré qu’en 1946 et à l’armée française ! Faisant partie d’une petite sous-série de 6 locotracteurs appelés « série GSMV type 4V60D » chez BDR, il était à sa construction équipé d’un moteur à essence Panhard 4G et disposait d’un équipement pour pouvoir fonctionner au gazogène.

Ce système est toutefois rapidement démonté par le constructeur et le locotracteur est livré le 16 avril 1946, à l’École Centrale de Pyrotechnie à Bourges (Cher). A une date inconnue, son moteur essence d’origine est remplacé par un moteur diesel Panhard type K. Vendu par les Domaines en juillet 1977, il passe entre les mains de Desbrugères, revendeur et reconditionneur de matériel ferroviaire basé à Noyon (Oise). Il est ensuite revendu en avril 1979 aux Magasins généraux de Saint-Quentin (société Magétrans devenue Magénord en 1991), dont l’embranchement se trouvait le long du canal, non loin de la gare.
Gracieusement cédé par Magénord au CFTV le 25 juillet 1991, il est toujours en état de marche et nous est d’une grande utilité pour les manœuvres de matériels au sein de notre dépôt.
Nous remercions Louis Caillot de l’association Rail et Industrie pour son aide sur l’identification de cet engin.
Autorail ABJ X 3623 |
- Constructeur : Régie Nationale des Usines Renault à Billancourt (Hauts-de-Seine).
- Année de construction : 1949
- Motorisation : moteur Renault 517 J à 12 cylindres en V ; transmission mécanique.
- Masse en ordre de marche : 31 t
- Longueur : 26,27 m
- Puissance : 300 ch
- Propriétaire : CFTV depuis 1979.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le parc d’autorails de la SNCF avait grandement souffert suite aux bombardements de nombreux dépôts. Dès la libération, la SNCF commanda auprès des constructeurs de l’époque, notamment Renault, des autorails dérivés de leur production d’avant-guerre, mais bénéficiant d’améliorations techniques. C’est ainsi qu’apparu l’autorail type ABJ 4, commandé à Renault en 35 exemplaires et numérotés dans la série X 3600.
Le X 3623 est mis en service le 6 avril 1949 au dépôt de Tours, avant de rejoindre le dépôt de Bordeaux Saint-Jean en mai 1956 où il effectue le reste de sa carrière, jusqu’à sa radiation le 8 décembre 1977.
Il était entièrement équipé de 76 places de 3ème classe, reclassées en 2ème classe en 1956. Pouvant circuler jusqu’à la vitesse maximale de 120 km/h, il était utilisé de manière intensive jusqu’à plus de 10 000 km par mois. Ses affectations successives l’ont amené à faire des parcours très divers : de Tours vers Paris, Le Mans, Nevers, Montluçon, ainsi que de Bordeaux vers Agen, Périgueux, Aurillac et bien d’autres.

En Picardie, 3 autorails du même type ABJ 4, furent commandés en 1949 par la Compagnie des Chemins de Fer Secondaires du Nord-Est (CFSNE) et ont donc circulé sur notre ligne Saint-Quentin – Origny-Sainte-Benoîte. Malheureusement, ces 3 autorails furent rapidement ferraillés après juin 1968, sellant la fin des circulations voyageurs sur la ligne.
Suite au lancement des circulations touristiques par le CFTV et pour perpétuer le souvenir de ces 3 autorails, notre président fondateur Pascal fit l’acquisition d’un exemplaire d’ABJ 4 auprès de la SNCF. Le X 3623 est choisi et transféré de Bordeaux à Longueau en mars 1979, pour révision aux ateliers SNCF, avant d’arriver à Saint Quentin en 1980. Il est renuméroté ABJ 28, à la suite des ABJ 25 à 27 de la CFSNE et comme ces derniers, il est aussi réaménagé en sièges mixtes 1ère / 2ème classe et repeint en livrée verte et crème.
Notre ABJ assura pendant de nombreuses années des circulations touristiques entre 1980 et 1999. Nécessitant un levage, il est arrêté depuis.
Récemment cédé par Pascal au CFTV, l’association envisage sur ses projets à long terme une remise en état esthétique de cet autorail. Avec notamment le locotracteur CGL 33 et la locomotive BB 203, cet autorail occupe une place particulière au sein de notre collection. N’hésitez pas à nous rejoindre pour nous aider à sauvegarder ce riche patrimoine et le transmettre aux générations futures !
Un autre autorail ABJ 4, le X 3601, est préservé par une autre association dans l’Eure.